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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 16:42

(Ceci est un préambule à la longue lettre que je publierai surement dans les prochains jours.)


 

     Elle avait dû bouillir et serrer les dents tout au long de la messe. Elle m'attendait à la sortie du cimetière. J'ai cru que comme tous les autres elle me dirait un mot de soutien, de sympathie, ou qu'elle aurait un geste. Quand j'ai vu dans ces yeux les flammes de colère, de frustration, d'incompréhension, c'était trop tard. Elle l'avait dit.

« Les gens, c'est quand ils sont vivants qu'il faut les aimer ! ».

D'après le ton, j'ai déduit qu'elle aurait sûrement voulu rajouter « sale con ». Quelqu'un l'a attrapée par le bras et tirée en arrière pour l'éloigner. En tout cas, ça ne m’aurait pas fait plus mal...

Je suis resté là, comme une buse, avec ces mots plantés comme une hache enflammée dans mon cerveau.

Moi je l'aimais. C'était mon petit frère... Qu'est ce que...

Peu importe qu'elle l’ait dit sous le coup de la colère ou bien dans le but de me blesser. Peu importe qu'elle le pense vraiment, ou qu'elle l'ait dit parce qu'elle avait bu, ou fumé sa plantation, ou que sais-je ? C'était une morsure cruelle, au venin monstrueux.

Depuis, souvent, la nuit, à l'heure difficile ou il faut sombrer, j'y pense. Je me demande à qui j'ai pas dit « je t'aime », à qui j'ai pas montré mon affection... Et quand je vois la liste s'allonger, je panique. Je me dis que je pourrais bien partir demain et que tous resteraient sans savoir, ou sans en être sûrs. Comme ceux qui sont déjà partis.

Parfois, le venin ne tue pas et devient la source de l'immunité. Alors je crois que le mieux, c'est de commencer au début.

Maintenant.

...Parce qu'après tout, quand on y réfléchit, on peut continuer d'aimer les gens après, mais il vaut mieux leur dire qu'on les aime avant.

    Quand j'ai décidé de faire de cet épisode une introduction pour éclairer le pourquoi de ma lettre à "Qui Vous Verrez", et afin d'en avoir le cœur net, j'ai recherché sur le réseau si cette phrase était vraiment d’elle ou si elle l'avait pompée pour faire la maligne. Et j’ai appris qu’on doit l'attribuer à un chanteur du Mans, marginal quoique prolifique, peu connu, et qui s'appelait Jean-Luc Le Ténia  (Le malheureux s'est donné la mort en mai 2011).

Et qu'en fait la phrase de sa chanson se veut un jeu de mots et dit ceci :

 « C'est quand ils sont vivants qu'il faut aimer les gens... Les Jean-Luc ! ».

J'étais bien content, en lisant ça, de savoir que c'était pas un trait fulgurant de l'esprit dérangé de la harpie à la sortie du cimetière. Je ne m'étonnai cependant pas qu'elle pût le connaître, ni qu'elle utilisât son texte. Sauf que, hasard surprenant... J'en aurai donc jamais fini avec les signes :

Le deuxième prénom de mon petit frère, c'était Jean-Luc.

Cette morsure venimeuse était donc tout à la fois : fort déplacée et très à propos...

Mais venons en au fait...


(à suivre... en attendant vous pouvez réagir en écrivant vos commentaires ci-dessous)

 

Lire la suite : Lettre à Mes Grands...

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commentaires

M
<br /> Que ces quelques lignes me touchent et me ramènent presque 18 mois en arrière (c'était hier). Oui, il faut dire notre affection et notre amour avant qu'il ne soit trop tard et oui, cette personne<br /> n'avait pas le droit de t'apostropher ainsi dans un moment aussi douloureux. je ne connais pas ton histoire, mais c'était ton frère, comme c'était mon père et nul n'a le droit de juger. Je pense à<br /> toi Ralph et je crois te connaitre suffisamment pour savoir que, malgrè ton histoire, tu regardes devant. Il y a une jolie chanson (Nos absents) de Grand Corps malade qui dit tout ça avec de jolis<br /> mots. Je t'embrasse<br /> <br /> <br />
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