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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 15:09

Comment appelle t'on un dinosaure myope ?

Un Témirosaure.

 

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Jeudi Midi, à la cantine du boulot...

Pendant que le cuisinier sert la personne avant moi dans la file, je tente de lire ce qui est écrit sur le panneau derrière lui. Et purée, j'ai beau forcer pour accomoder, c'est vachement flou... J'ai vraiment perdu beaucoup ces dernier temps, il va vraiment falloir prendre rendez vous avec un ophtalmo, ça devient urgent.

_Salut Karl ! Qu'est-ce tu veux manger aujourd'hui ?

Ouais, le cuisinier, il m'appelle Karl. Toujours. Au début je l'ai repris une fois, mais il pas imprimé, ou pas entendu. Mais bon, ça me gêne pas tant que ça. Par contre, je viens de sentir un truc étrange. C'est dans son regard. Un truc  quasi-imperceptible, lorsque son regard croise le mien. On sent bien quand une personne a l'attention attirée par un détail sur toi, ton visage... Ben là c'est ça, mais c'est furtif... Peut être m'a-t-il seulement vu faire ce plissement de myope quand on s'efforce de faire le point sur un truc éloigné pendant que je cherchais à lire le panneau derriere lui...

 

Bref, je choisis, il me sert et je quitte son guichet en me disant qu'il faut que je pense à prendre ce rendez vous.

Après le passage à la caisse, je gagne la table ou mes collègues sont déjà installés, et je m'asseois.

Je m'installe, range ma carte, pousse mon telephone, et enlève mes lunettes.

Et là : ouille !

Mon petit doigt de la main droite, au lieu de heurter le carreau de mes lunettes se plante dans mon oeil !

Passé la surprise, et levant la main, je m'ecrie :

_ STOP ! Que personne ne bouge un pied, je viens de perdre un verre de mes lunettes !... Enfin non, les deux !!...

Je venais de me rendre compte que le verre de gauche aussi manquait... Merde !

 

Pendant qu'interloqué, je regarde d'un oeil ma monture vide en frottant l'autre oeil qui souffre éclate un rire général à ma table.

 

Je commence, inquiet, à regarder sous la table, à la recherche de mes verres. Rien. Derrière moi, rien. Et puis je commence à retracer mentallement mon chemin, pour essayer de me souveir d'un choc, d'un oubli sur le plateau pendant que je choisissais les entrées... Non, je ne vois pas quand depuis que je suis entré au self...

Avant peut être...

Au bureau...

Je me concentre, mais c'est dur avec tout le monde qui se marre et fait des boutades !

 

  _ Je me disais aussi qu'ils étaient super propre tes verres et j'allais te demander avec quoi tu les frottes !!! Dit une voix à gauche.

 

Et c'est là que tout m'est revenu d'un coup...

 

Mercredi soir 22h50.

Junior n'a pas cours demain. Il me propose qu'on regarde un film ensemble, rien que tous les deux. J'accepte, et je propose Blade Runner. On s'installe, on lance le film. A l'affichage des titres du DVD je me dis :

"Faut vraiment que j'aille chez l'ophtalmo, c'est tout flou... Ah mais non, j'ai pas mes cluques... Où c'qu'elles sont encore ???"

Je crois me rappeler que je les ai balancées sur le lit... je monte... Djina dort déjà. Profondément... 

A tâtons dans le noir je cherche mes lunettes sur l'étagère. Bingo ! Je les saisis du bout des doigts et quitte la chambre sur la pointe des pieds...

Une fois dans le canapé, malgré les lunettes, l'image est restée floue... Même après avoir regardé par dessus mes lunettes une ou deux fois sans constater de changement, j'ai finalement mis ça sur le compte de l'âge du film... Avant on filmait un peu flou... Et celui là est plutôt sombre...

Quelques heures plus tôt...

En entrant dans la chambre, j'avais jeté mes lunettes sur le lit, comme souvent pour me déshabiller. Et puis ensuite,  après la douche, emporté dans l'action, je ne les ai pas remises.

Ben faut dire, j'y vois quand même un peu...

Plus tard, quand Djina est montée se coucher, et qu'elle les a trouvées sur le lit, en vrac, elle les a mises à l'abri, sur le clavier de son ordi portable, et elle a lancé sa connexion sur le site de replay d'une chaine de télé... A la fin du programme, elle a étéint l'ordi, et fermé l'écran. En entendant le petit "crac", elle s'est rappelé de mes lunettes... Oups !!!

Après avoir relevé l'écran, elle les a sorties et posées sur l'étagère de mon coté du lit, sur le radio-réveil... Et elle a rabattu l'ecran, qui, cette fois s'est fermé complètement.

Ce qu'elle n'a pas vu, Djina, c'est que le petit "crac" entendu, c'etait le bruit qu'avait fait les verres en sautant de la monture souple, et que les verres, ils sont restés dans l'ordi... Quand les montures étaient sur l'étagère...

 

 

Me voilà donc à la cantine, interloqué, et bien embêté... J'appelle à la maison pour vérifier auprès de Djina, au cas où... Et dès que je lui expose le problème, elle éclate de rire et fonce dans la chambre, ou elle retrouve en ouvrant l'écran de son ordi lesdeux verres de mes lunettes. Me voilà quand même un peu rassuré.

 

Le reste du repas à la cantine est bien joyeux  : on me chahute, on se moque, et on rigole bien.

Comment je m'en suis pas rendu compte ? Je sais pas. Je les enlève souvent mes lunettes. Et ce matin là, je portais mes lunettes de soleil pour conduire.

Si je m'étais pas mis le doigt dans l'oeil pour les ôter j'aurais surement fini la journée comme ça : avec mon air con, et ma vue basse !

 

En remontant au bureau, cet après midi là, j'ai pris rendez-vous chez l'ophtalmo. Et depuis, j'ai changé de lunettes.

 

Et de temps en temps les enfants essaient de me mettre le doigt dans l'oeil, histoire de voir si les verres sont bien là !

 

 

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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 13:20
Je tenais à vous faire part d'une réflexion sur les répercussions de mon expérience au Club Nautique dans ma vie quotidienne. 

Je veux bien sûr ici faire une référence à ce que j'ai raconté dans ce billet à propos de l'Agéca. Aussi, cher lecteur, chère lectrice (eh ! oui, vous n'etes que deux...) si tu n'as pas pris le temps de le faire auparavant, je t'encourage à lire d'abord "ceci" (en cliquant dessus). Cela te permettra de mieux mesurer la portée du propos qui suit...

Vas-y je t'attends. Reviens ici en cliquant sur la flèche "retour"...

Ca y est ? Bien ! Je continue...

Donc vous savez maintenant, que je pratique la voile... D'une façon très personnelle et particulière... Mais enrichissante à un point que vous ne soupçonnez pas.

En effet, outre une meilleure compréhension du mode de fonctionnement d'un véhicule à voile ( enfin, moi, c'est surtout le non fonctionnement que je pratique...), une découverte captivante des règles de courses ( comment rater un départ, comment se faire doubler par des enfants, comment rater la bouée... ), et de nouvelles rencontres... En plus de prendre du bon temps dans un endroit magique, en bonne compagnie et avec des conditions climatiques jusqu'ici fort agréables... Ce stage à l'école de sport vient indirectement de me tirer d'un fort mauvais pas.
 
Laissez moi vous exposer les circonstances.
 
Peut-être vous servez vous, comme moi, de comptes d'utilisateurs lors de vos accès à des serveurs ou bien pour votre travail. Peut-être avez vous déjà été confrontés à ces règles de gestion de mot de passe un peu crispantes : tant de caractère minimum/maximum, majuscules, minuscules ou bien un mix des deux, des chiffres, des lettres, des symboles...
Eh bien figurez vous que cette semaine, j'ai eu à changer un mot de passe de ce type, et j'ai dû me creuser la tête...
 
Après maintes tentatives, des trop longues, des trop courtes, des où il manquait un truc, et les habituels " g 2 L o Q ! " refusés, j'ai été sauvé grâce à mon expérience en voile.
 
Il m'a suffi d'entrer dans l'interface de paramétrage la formule ( magique ? ) suivante, qui respecte la totalité des règles imposées :
 
" O ! G p T 1 A G K "
 

Voilà !

C'est beau le sport ! Moi je dis !


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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 11:34

A la bourre.

Comme d'habitude...

 

Le journal du matin m'a saoulé.

Comme d'habitude...

 

Heureusement, au moins il pleut pas. Moins de risque de me trouver derrière un escargot qu'a la pétoche de glisser...

 

Et allez... Super !

Un mille pattes a la priorité au rond point... zut zut zut !

Voilà ... Tranquille... Deux et demi à l'heure...


Une voitre s'intercale encore au rond point suivant...

 

Houla le gars dans la voiture a l'air bien énervé... Je vais mettre un peu de distance entre nous... Je le laisse s'éloigner un peu en le regardant gesticuler, visiblement énervé par le camion qui se traine et qu'on ne peut pas dépasser.

 

Au rond point suivant, nous prenons tous les trois la bretelle d'accès à l'autoroute. Le camion s'élance comme il peut. L'autre, trépigne en zigzaguant comme un malade, lève les bras, frappe son volant... J'imagine aisément le langage fleuri qui résonne dans l'habitacle.

Nous quittons la voie d'accélération. Enfin il dépasse le camion. Il accélère comme un malade, lâchant un nuage noir diesel tellement épais que je me demande si en le traversant je vais pas ralentir... Il peste en passant à la hauteur du tracteur et adresse un doigt rageur au chauffeur. Qui lui répond d'une insulte que je devine grasse et dégoulinante, mais je ne l'entends pas...

 

Je veux  m'élancer à mon tour... mais ils continuent de s'invectiver...

Je ralentis encore... Les laisse s'éloigner...

 

Et à la hauteur du pont qui enjambe l'autoroute je retrouve le sourire. Ma bonne humeur revient d'un seul coup.


Sur la rambarde, quelqu'un a accroché une banderole. Suspendue exprès sur le côté exterieur, pour que les gens qui passent sur l'autoroute puissent la lire.


Une personne surtout.


Bombée à la peinture rose fluo une phrase en belles lettres déliées sur un drap blanc.

 


 

" Flo t'es mon  Coeur-rose-fluo.jpg ! " 

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 12:00

 

Chreuggy et moi, on s'est inscrit au club de voile pour apprendre à bien naviguer. Moi j'avais fait un stage dans l'été. Lui il à un voilier, et il cherchait un coéquipier.

Alors on s'est inscrit pour la saison. A "l'école de sport" !

 

Le premier jour, après les formalités d'inscription, on est arrivés sur la plage ou tout le monde avait déjà commencé à gréer*. On s'est présentés au moniteur, (il s'appelle Nicolas) et on lui a demandé s'il avait un bateau pour nous... ( Oui, celui de Chreuggy est en réparation pour l'instant... )

 

_ Ben... On va devoir sortir un bateau de compète...A-t-il répondu.

Je le taquinai un peu :

_ Excuse moi, j'ai pas bien entendu... Tu veux nous filer un bateau de compète ?... Ou bien un bateau qu'on pète ? Ajoutai-je comme il ouvrait la bouche pour répondre...

Nicolas se tourna vers moi et me lança un regard, mi interrogateur mi inquiet.

Puis comme Chreuggy éclatait de rire et renchérissait par un :

_ Ouais passque nous euh ! Hein ? bon !...

Nicolas comprit à qui il avait à faire, et rit lui aussi. Puis, se reprenant il ajouta :

_ ... Ah ! Ou alors y'a l'AGK... Ouais vous pouvez prendre l'AGK...


J'ai pensé : "Cool, ils vont nous filer un super bateau de marque. AGK c'est surement une bonne marque... Je connais pas, mais ça sonne cool !"

_ L' Agéka ??

_ Oui c'est celui qui est la-bas, rangé derrière les optimists. Allez le chercher, je vais voir s'il y a tout...

 

Avec Chreuggy , on s'est regardé en se marrant. On était bien content. On allait avoir "Ze Bateau of ze club". L'AGK mon gars ! Top la classe ! La séance allait vraiment être géniale.

Et on est remontés de la plage pour aller le chercher.

 

Au début, on l'a pas trouvé. Alors on a demandé au chef de base, qui passait par là.

_ On cherche l'AGK... Tu peux nous dire lequel c'est steplaît ?

_ Ah vous prenez l'AGK ?...

_ Oui, c'est Nicolas qui nous l'a dit...

_ C'est celui là, là.

_ Euh... Lui ?

Il nous montra un vieux 420, sur une mise à l'eau. Sa couleur d'origine était passée, et les plaques blanches ou la résine semblait neuve témoignaient de nombreuses réparations. A l'avant, sous le pont, on distinguait des traces de mousse verte, comme celle sur les tuiles qui sont restées longtemps à l'ombre d'un arbre...

_ Oui, c'est lui. C'est bien l'AGK que vous cherchez ?

_ Euh... Oui... Mais ça veut dire quoi en fait AGK ?

_ Agéca ? Ben c'est son nom. Enfin le diminutif... Agéca, c'est Agecanonix !

 

Et soudain tout s'éclaire.

Nico nous donne le plus vieux ragasson du club. Le bateau qu'on garde, au cas ou on en aurait plus assez, un jour de forte affluence. Celui qui a déjà été cassé mille fois et réparé tout autant... Celui qui a une histoire au club. Celui que tout le monde connait (et évite soigneusement !) sauf les nouveaux, bien sûr !

On a bien ri.

 

Pour faire bonne mesure, à part la grand voile, il n'y avait rien dans son casier dans la voilerie : pas de foc, pas de sac de spi... On a donc pris dans les autres casiers. Le foc du 3, le spi du 8, le tangon du 9. Un gouvernail au pif dans le râtelier, et roule ma poule. On a gréé de notre mieux, en se faisant ré-expliquer quelques règles, parce que ça faisait longtemps... Le nœud de chaise avec le dormant sous la boucle, le puits, le serpent, et l'arbre. Vers l'avant sur la poulie avant, vers l'arrière sur la poulie arrière... Et cette cochonnerie de brin de spi...

 

La marée avait un bon coef. Le vent d'ouest de l'après midi était régulier, pas trop fort, mais suffisant pour profiter, et réaliser correctement les exercices. On a donc travaillé le départ de régate, en faisant des tours sur trois bouées : une au vent, une au largue et une sous le vent. Après cinq départs dont deux ratés, Nicolas nous a demandé une manœuvre qui nous permette de hisser le spi. Bon, on a eu des soucis, mais c'est parce que j'ai filé des mauvaise indications à Chreuggy...

C'est à ce moment précis que les bourrasques sont arrivées. J'avais du mal à tenir le cap au vent arrière, on surfait sur la houle qui se levait, et Chreuggy bataillait sec à l'avant pour affaler le spi roulé en vrac devant le foc... Nicolas arriva à fond avec sa "sécu" pour nous confirmer qu'il était urgent d'affaler le spi et de faire attention aux rafales. Il devenait urgent de virer, car on approchait à bonne vitesse de la zone ou la drague était stationnée, et ça craignait un peu. Le spi rentra enfin dans son sac, et le tangon retrouva sa place au fond du bateau. On put enfin virer de bord et se remettre au pré pour remonter au vent. Depuis le début de la séance, l'eau était entrée dans le bateau par dessus le pont et par le puits de dérive. Le niveau montait vite... Nicolas ayant jugé que nous étions bas sur l'eau nous lança un seau, car notre écope ne suffisait pas...

 

L'exercice suivant consistait à virer de bord, au signal, le plus rapidement possible, et en restant au pré.

 

Au premier virement, rien.

Au second, il y eut un craquement. Pas énorme, mais suffisamment fort pour qu'on l'entende nettement malgré le bruit ambiant. Je levai les yeux vers Chreuggy, qui fit de même vers moi.

_ J'ai rien fait ! s'écria t-il.

_ Je crois que c'est le tangon, il a du se caler au fond ! répondis-je confiant.

 

Au troisième virement, rien.

 

Au quatrième, alors que je bordais l'écoute un peu plus fort, un énorme craquement, terrifiant, retentit lorsque le hauban de tribord arracha un morceau du bateau. Le Mât, qui n'était alors plus tenu que par le hauban sous le vent et l'étai de la proue bascula à l'eau, emportant la voilure. Dans sa chute, le pied du mât s'arracha en déchirant le profilé d'aluminium, puis se coinça sous le tangon, qui prenait appui sous le pont et la traverse du puits de dérive.

Surpris par le bruit et le choc, chacun de nous s'assura que l'autre n'avait rien. Puis on a cherché à savoir ce qu'il fallait faire.

Par chance, il n'y avait personne autour de nous à ce moment là. Ni bateau, ni planche à voile. Et Chreuggy n'était pas au trapèze.

 

Les voiles étaient dans l'eau, le vent toujours aussi fort, le bateau incontrôlable, et nous devions le garder avec les voiles sous le vent du bateau pour ne pas risquer d'aggraver encore plus les dégâts. Nicolas qui avait vu que nous avions un problème arriva à toute vitesse. Il nous demanda ce qui s'était passé... Puis il vit le morceau de plat-bord arraché par l'amarrage de la cadène du hauban, et ouvrit de grands yeux ronds. Il nous donna des indications pour dégréer rapidement et hisser le mât sur le bateau, avant d'aller donner des consignes aux autres bateaux pour le retour.

Lorsqu'il revint, nous avions tout récupéré, roulé les voiles, et calé le mât. Il nous arrima à la sécu pour nous ramener à la plage.

 

Voilà en quoi consista notre premier jour à l'école de sport.

 

En tout cas, une chose est sûre, l'AGK c'est pas un bateau de compète.

C'est bien un bateau qu'on pète !

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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 20:03

Je me souviens que votre tante Madeleine était la femme la plus vieille que je connaissais. Qu'elle venait  de St Brieuc et qu'une telle route c'était pas rien pour une femme de son âge. Que son âge elle le faisait pas, et que je connaissais des mémés plus jeunes, mais qui avait l'air bien plus vieilles qu'elle.  Je me souviens du voile sur sa voix, et de ses grandes lunettes. Que souvent elle pleurait de rire, qu'elle était drôle, et gentille, et qu'elle se couchait vraiment très tôt. Qu'elle adorait l'équipe de foot de Nantes, mais que du coup, les soirs de match, étant au lit, elle ne pouvait pas les supporter de la voix. Alors elle dormait avec les chaussettes jaunes du club remontées jusqu'aux genoux en gage d'encouragement. Allez les canaris !

Je me souviens d'Etienne B qui chantait « Y'a une pie dans l'peurier, j'entends la pie qui chante... » et « Dans mon pays d'espagne ... Olé » un soir de fête sous la loge. Je me souviens de la naissance de vos trois petits enfants. Je me souviens que Fabien voulait devenir grand comme nous, et qu'on lui faisait manger plein de soupe en lui disant que c'était grâce à ça qu'on était si grands. Je me souviens que Maxime nous craignait un peu, et qu'on le voyait moins souvent. Je me souviens d'Elise, qui fut le premier enfant que j'ai tenu dans mes bras. Le premier à qui j'ai donné le biberon. C'était le jour de son baptême. Je me souviens d'avoir été empoté au début, puis de l'avoir encouragé à têter, et de lui avoir chuchoté des trucs gentils pour la faire sourire. Complètement gaga !

Je me souviens que la pièce principale de la maison était tapissée d'un papier peint façon toile de Jouy inspiré des « hasards heureux de l'escarpolette » de Fragonard. Je me souviens qu'on passait des heures le nez collé devant le motif, à regarder les détails et à chercher des différences. Je crois que c'est mon père qui avait collé ce papier peint. Mais je ne suis pas sûr. Je me souviens de la douce chaleur que le fourneau entretenait tout le temps. De la marmite de soupe qui chauffait presque en permanence. Des gouttes d'eau qui roulaient sur la fonte brûlante en faisant pssschhhhiiii quand on soulevait le couvercle.


Je me souviens de cette époque avec une nostalgie doucereuse et j'en conserve de merveilleux et poignants souvenirs qui rempliraient dix autres pages.

 

Mais par dessus tout...


Je me souviens de l'attention qu'on nous portait dans cette maison et comme il y faisait bon vivre. Que Monique, et Jacques, les enfants de Georges et Simone, (et même parfois leurs copains et copine, comme Etienne, Eric et Catherine, ou Bertrand) aussi ont contribué, et donné de leur temps pour nous. Ils nous ont fait découvrir  (allez, pêle mêle...) la piscine municipale, le patin à glace à la patinoire d'Alençon, les Nouvelles Galeries de Domfront, les plages de Julouville, la Honda 750 Four bleue qui logeait dans l'écurie, la Matra Baghera, et les films de "La Coccinelle" au cinéma...

Je me souviens qu'on a pris soin de nous, qu'on nous a nourris. Souvent.

Et bien.

Hébergés, souvent aussi, et par toutes les actions du quotidien, éduqués. 

Avec le recul, et l'âge, je suis bien convaincu que si ma vie d'homme est plutôt réussie aujourd'hui, si je suis devenu qui je suis, c'est aussi grâce à l'influence qu'ils ont eu sur mon éducation (et je ne parle pas seulement de mon goût  immodéré pour les potages de légumes les soirs d'hiver, les volailles au four du dimanche ou bien les endives-au-jambon-béchamel-gratinées). Et que s'ils n'avaient pas été là...

Alors je veux remercier Georges et Simone, (...et aussi leurs enfants) pour leur temps, pour leur attention, pour leur bonté, pour leur patience (et il en fallait), pour leurs explications... Pour leur surveillance de loin, du coin de l'œil, parfois, quand on se croyait loin de tout  regard. Pour la confiance aussi qu'ils ont bien voulu nous accorder en nous confiant des tâches. Pour leur hospitalité et leurs enseignements, pour leur sourire, leurs taquineries de grandes personnes. Pour les réparations à la rustine et le mercurochrome sur les genoux. Pour les kilomètres de ficelles de lieuse. Pour le vinaigre sur les piqûres d'orties entre le short et les bottes et pour leurs câlins quand il y avait besoin.

...Pour m'avoir rendu les balles en plastique du pistolet de Zorro.  

Voilà. J'ai fait cette lettre. Parce que j'ai le cœur faible et les yeux qui se mouillent au point que je n'y vois plus rien à la seule évocation de ces souvenirs. Parce que je sais que je n'aurais jamais le courage et la force de vous le dire quand je vous reverrai, et que je ne supporte plus l'idée de ne l'avoir jamais fait à ce jour, je vous écris,


à toi Georges,

et à toi, Simone,

que je vous aime.

 

Que je vous ai toujours aimé. Même durant ces années où j'étais comme perdu, loin, et silencieux.

Que je vous aimerai toujours. Que vous êtes mes Grands Parents de l'Orgelière.

Et que jusqu'à ce qu'on grave le souvenir de mon nom dans une pierre, le vôtre restera bien au chaud dans mon cœur, entre mes grands-parents de sang, juste au milieu.

Qu'enfin quand je dis « je », il faut entendre « nous », car pour avoir souvent parlé de vous avec mon frère, je sais que tout ce que j'écris ici parle pour nous deux.

 

Je vous embrasse affectueusement.

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 22:12

(Ce texte est la troisième partie d'un texte plus long, si vous n'avez pas déjà lu le début, lisez l'intro ici, ou la première partie ici)

 

Je me souviens des noisetiers derrière la maison. Des fruits délicieux qu'ils donnaient, qu'il fallait casser avec un caillou, et qui du coup finissaient souvent tout écrabouillés. Je me souviens qu'ils donnaient aussi des arcs et des flèches. Et des bâtons pour aller aux vaches... Je me souviens qu'il y avait une écurie,  et je crois y avoir vu un cheval une fois, mais, à dire vrai, je n'en suis pas très sûr. Je crois qu'il était blanc, ou clair. Le reste du temps il y avait des volailles avec leur petits juste éclos, ou une bête nécessitant des soins spéciaux. Puis ensuite une machine à bois, je crois.

Je me souviens que la basse cour était délimitée par un fil de fer electrifié, à dix quinze centimètres du sol, et que, en courant ou en vélo, quand tu pensais plus au fil, ça te poignardait bien les chevilles. Qu'un vélo en métal ? Oui, c'est conducteur. Je me souviens que les oies, c'est pas commode, que ça court vite, et ça pince fort. Mais qu'elles font moins les malignes en « petite-oie » dans mon assiette. Des grincements des pintades avec leur régularité de machine, qui font penser à des mécaniques mal graissées qui peinent à tourner rond.  Je me souviens des « Rouglouglous » des dindons, de leur air de matador qu'ils prennent quand ils gonflent les poumons, dressent leurs queue de plumes et étendent leurs ailes jusque par-terre pour épater les gonzesses-dindes... Alors qu'ils ont l'air bien couillons avec leur espèce de quéquette rouge et bleue toute molle qui pendouille sur le côté du bec.

Je me souviens qu'au début, il n'y avait pas de salle de bain et qu'on se lavait à l'évier de la cuisine, dans une bassine, avec un gant de toilette et du savon « Camay ». Je me souviens qu'après qu'il y en eût une, dans la salle de bains, si tu restais sous le chauffage dans la même position trop longtemps t'avais vite comme un coup de soleil. Je me souviens de Georges se rasant avec son Brown électrique près du miroir derrière la porte d'entrée au petit matin. Je me souviens que les WC étaient dehors, près de l'entrée du potager. Qu'il y avait dans la porte un trou en forme de losange pour  aérer et laisser entrer le jour, et dans la planche sur laquelle on s'asseyait un trou rond. On se suspendait avec une main de chaque côté du trou en espérant que jamais on tomberait dedans... Je me souviens qu'à la nuit tombée, ou quand il gelait, tu réfléchissais à deux fois avant d'y aller... Je me souviens qu'on pouvait lire le papier Q avant de s'en servir, et qu'il s'appelait « Ouest France » ou « le Courrier de la Mayenne ». Je me souviens que même en triple épaisseur, c'était pas super doux.

Surtout « Le Courrier »...

Je me souviens que dans un pré derrière l'étable, au delà de la mare il y avait un hangar, ou étaient rangées de vieilles machines agricoles, et de vieux engins en tout genre. Je me souviens de leurs sièges en acier taillés pour des grands culs avec des petits trous ronds dans la ferraille. Je me souviens qu'on y jouait des heures à faire les paysans, un bout de bois dans la bouche figurant le mégot de gitane maïs. Roulant les « r » et parlant comme en patois ; on s'y croyait vraiment. Plus tard, devenu dangereux, le hangar fut vidé et détruit. Tout ça disparut à tout jamais pour notre plus grand désespoir.

Je me souviens que les verres pour l'apéro était décorés de chevaux de courses, et qu'après quelques gorgées, si tu ramenais le verre trop vite à la verticale une éclaboussure te sautait dans l'œil et Georges disait « C'est l'cheval qui t'as envoyé un coup d'sabot ! » Et on riait de bon cœur. Je me souviens de la cuisine de Simone, de ces plats de ferme que toutes les fermières préparaient et qui n'étaient jamais aussi exquises que celles de Simone. Je me souviens de la soupe de légumes qui nous a tant fait grandir. Des volailles avec des frites toutes fines et fondantes, de la petite oie, des fricassées, des grands plats de crudités avec des coeurs de palmiers. Je me souviens des endives au jambon béchamel. Je me souviens des crêpes et des tartines de pain beurre avec du poulain râpé, ou du pulvérisé dessus pour le goûter. Je me souviens des confitures maison et des bâtons de tiges de rhubarbe au goût acidulé. Je me souviens du café réchauffé dans la verseuse en acier avec un long bec. Je me souviens du goût des grains de chicorée soluble tombés sur la table, qu'on colle au bout du doigt humide et qui fondent sur la langue.

Je me souviens de la boite de jeux de société en bois, du jeu de l'oie, des petits chevaux. Je me souviens que Simone nous avait appris à jouer aux dominos. Je me souviens d'Yves Mourousi et Michel Chevalet au journal de 13 heures. Je me souviens des épisodes de « Black Beauty » (Prince Noir). Je me souviens que, vers sept huit ans, c'est à l'Orgelière que j'ai vu « Notre Dame de Paris » avec Anthony Queen en Quasimodo, et que la scène finale m'a beaucoup marqué. Je me souviens qu'on se couchait tôt et qu'on avait du mal à dormir à cause du crapaud accoucheur qui chantait la nuit.. Pendant trente cinq ans je me suis demandé ce que pouvait être ce bruit. L'an dernier, j'ai cherché, et on peut l'entendre ici. Je me souviens de la couverture chauffante pour nous préparer le lit. Et aussi, que Georges et Simone dormaient fenêtre ouverte toute l'année.
Que pour nous, avec nos peurs d'enfants, c'était inimaginable, parce que si un monstre rentrait... Hein ???

 

(à suivre... eh ! Oui. Je vous avais prévenus que c'est une longue lettre.)

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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 12:48

(Ce texte est la seconde partie d'un texte plus long, si vous n'avez pas déjà lu le début, lisez l'intro ici, ou la première partie ici)

 

    ...Je me souviens que devant l’écurie, il y avait une grande pierre de meule avec une manivelle. Nous y jouions souvent, à aiguiser des bouts de bois. L’un de nous tournait la manivelle avec ses petites mains, l’autre tâchait de tenir son bâton contre la pierre… Elle était montée sur un bac de bois, destiné à contenir l’eau, d'où partaient quatre pied obliques, et servait à aiguiser les outils de coupe, serpes, faux, faucilles et autres croissants. Sûrement quelques couteaux. Mais, je me souviens aussi qu’une des pierres du cadre de la porte d’entrée servait étonnamment à cet usage : lorsque Simone avait à peler des carottes, ou trancher des légumes, elle allait à la porte et frottait son couteau contre cette pierre. Vers en haut. Puis vers en bas. Puis vers en haut… etc. 
Cette pierre avait du aiguiser des centaines de couteaux, des milliers de fois, car son arrête était toute en biseau, à force. Je me souviens qu’elle était très douce au toucher, laissait sur les doigts une fine poussière grise, et sentait le métal.

Je me souviens d’un gentil petit chien noir et feu qui s’appelait Dolly.

Je me souviens que nous jouions aux voitures et aux billes dans la rigole en demi-tonneau qui longeait la maison, et qu’il y avait un « pot » pour les billes déjà tout creusé en bas d’un des rosiers de la façade.

Je me souviens que nous avons appris à conduire sur le tracteur de Georges, et qu’une fois assez grand, pour atteindre la pédale d’embrayage, vers dix ou onze ans on a eu le droit de mener la remorque pendant les foins, ou le ramassage des pommes. C’était les moments forts de la vie à la ferme pour nous. Les foins annonçaient l’été et les grandes vacances. Cela durait plusieurs jours, entre la coupe, le séchage ou il fallait tourner le foin à la pirouette puis ensuite le dresser, la botteleuse, qui brossait le champ, avalait la longue chenille de foin ainsi formée, et recrachait des bottes plus ou moins tassées et rectangulaires.
Ensuite on passait dans le champ avec un plateau (sorte de remorque avec de grands espaliers inclinable à l’avant et à l’arrière). Deux à quatre personnes, avançant de part et d’autre, piquaient ces bottes avec des brocs, sorte de fourches à trois dents, et les posaient sur la remorque. Une ou deux autres personnes sur la remorque rangeait les bottes pour optimiser, équilibrer et sécuriser le chargement. Une autre personne, souvent nous, conduisait le tracteur, à vitesse minimale, entre les bottes de foin, en prenant soin de ne pas faire tomber les personnes embarquées, ou le chargement. Je me souviens que, plus grands, on a aussi aidé au chargement. Il fallait alors envoyer les bottes haut, ou loin lorsqu’on déchargeait les remorques dans les granges. Je me souviens des trajets en tracteur, dans les remorques, assis dans les pommes ou les foins.  Je me souviens qu'on passait beaucoup de temps à jouer avec les bottes de foin, à s'en faire des cabanes, des remparts, des voitures, des sculptures. Je me souviens que les journées étaient longues et épuisantes mais toujours joyeuses et festives.

Et qu’on pouvait boire du cidre…

Je me souviens que le cidre était fait à la ferme même. Que nous ramassions les pommes le mercredi ou le week-end. Je me souviens que l’herbe était souvent mouillée et froide à l’automne. Que  les feuilles avaient parfois commencé à tomber et cachaient les pommes. Je me souviens des grands paniers en grillage à poule. Et des concours que nous faisions. Le panier le plus vite rempli… Le plus grand nombre de panier versés au « beniau »… Je me rappelle des batailles de pommes. Je me souviens des genouillères artisanales taillées dans les pneus de 2cv, pour protéger les genoux de l’humidité, et de la boue. Je me souviens des longues gaules que Georges agitait pour faire tomber les dernières pommes. Du jus frais au sortir du pressoir. De l’odeur du mout fermenté dans les jours qui suivaient. Je me souviens du goût du cidre quand on faisait des crêpes l’hiver suivant…

Le goût du cidre « que même que c'est nous qu'on l'a fait !»...

 

Je me souviens qu’une dame qui s’appelait Léontine venait faire la lessive dans l’eau de la mare derrière l’étable. Elle était agenouillée dans une sorte de caisse en bois garnie de paille, frottait le linge avec un énorme pain de savon blanchâtre et une brosse, puis elle le frappait avec un battoir, sur une planche inclinée. L'eau savonneuse blanchissait alors la mare avec le lent mouvement pareil à celui des nuages qui courent dans un ciel pur. Il y avait près d’elle une grande lessiveuse noircie par le feu sur un foyer ou un trépied, toute fumante, et dans laquelle elle remuait des torchons ou des draps avec un bâton. Quand on a cherché des prénoms pour notre petite dernière, j'ai proposé  Léontine en repensant à elle...

Je me souviens qu’à cette mare on puisait de l’eau avant qu’il y ait l’eau courante à l’intérieur de la maison. On utilisait un drôle de seau en tôle galvanisée, fixé sur une perche. On écartait un peu les lentilles d’eau et on puisait en prenant soin de ne pas troubler l’eau avec la vase volatile du fond. Je me souviens qu’il y avait peu d’interdictions à la ferme, mais que s’approcher de la mare en l’absence d’un adulte nous exposait à une belle réprimande. Je me souviens que, longtemps, lorsque j’entendais la chanson ‘Le bouvier’ par « les ménestriers » j’imaginais la pauvre femme morte, au fond de l’eau de la mare, la tête sous la source…
Du coup, la mare, ce n’est pas un endroit où je trainais longtemps…

Qu’entre l’étable et la mare il y avait un appentis sous lequel on trouvait tout un tas de vieux machins… marmites, gamelles, manches, récipients de toutes sortes, ustensiles étranges, bidons, morceaux de tuyau.

Je me souviens du grand jardin potager, des récoltes de haricots verts posées en gros tas sur la table de la cuisine et qu’il fallait équeuter aux deux bouts avant de les enfermer dans des bocaux de verres. On les cuisait ensuite longtemps dans un grand stérilisateur, dans lequel plongeait un thermomètre géant par un trou du couvercle. Je me souviens de la première récolte de courgettes de Simone, et que ce légume n’était pas connu à l’époque dans la région. Je me souviens des patates, carottes, radis et fèves, des pois qu’il fallait étayer, des salades, navets, persil, ciboulette. Je me souviens d'avoir planté des graines. Je me souviens des allées bien dessinées, des petits sillons creusés à la binette, du désherbage, de l’épandage du fumier. Que tout ça avait du goût. Et que c’était bien bon.

Je me souviens que deux marques de bocaux se faisaient la guerre : les « le Parfait » et  les « le Super ».

 

( à suivre...)

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3 septembre 2011 6 03 /09 /septembre /2011 00:03

À Élise et Maxime,

À Fabien.

 

 

« Je me souviens des mécaniques où les hommes étaient dans les champs et les femmes préparaient le repas dans la cuisine-buanderie-pièce à manger, lieu unique à vivre des maisons d'avant. »

 

Georges Perec « Je me souviens »

 

 

 

 

    Je me souviens que lorsque j'étais enfant, mon vélo n'était pas chez moi. C’était pas par manque de place, le jardin était assez grand. Peut être parce qu’on habitait au bord d’une route, passante à certaines heures, et que la configuration du terrain n'était pas favorable à la pratique... Encore que, par la suite, mon frère et moi ayons démontré l'inverse, en y faisant des cascades audacieuses. Voire insensées...

C'était un vélo spécial. Je me souviens qu'il était Orange, un peu ancien, et qu'il avait appartenu à une de mes tantes avant moi. Les pneus étaient faits de ce caoutchouc blanc qu'on trouvait à l'époque. Le guidon avait été bizarrement réglé, (ou déréglé par malice) de sorte que les extrémités du tube pointaient légèrement vers le haut et vers l'extérieur.

 

Je me souviens que, quelque part en basse Normandie, il y a un lieu-dit, l'Orgelière, une ferme ou j'ai passé une grande partie de ma vie d'enfant.

 

Votre ferme. « Chez Georges et Simone », on disait.

 

C'est là-bas que mon vélo restait. Rangé sous la loge, appuyé au mur, près du tracteur. Il n'y avait pas grand chance à priori pour que j'y mette les pieds. Mais pourtant…

 

Je me souviens que c’est là bas que nous avons débarqué, mon frère et moi, lui avec sa tenue de chef indien, et moi avec mon costume de Zorro, le jour de l’enterrement de mon père. Je me souviens que par précaution et, sûrement à cause des circonstances tragiques de son décès, et malgré mes protestations de petit garçon, Simone avait retiré toutes les balles en plastique de mon pistolet de Zorro et de ma ceinture de Zorro… Des fois ces trucs là ça part tout seul…

De toute façon, Zorro c’est par le fouet et à la pointe de l’épée qu’il fait régner la loi !...

 

Dès lors nous y sommes revenus souvent. C’était comme un refuge pour ma mère, seule désormais, et loin de sa famille. Et pour nous une grande cour de récréation. Nous arrivions la plupart du temps dès la sortie de l’école. C’était alors l’heure de la traite, et nous partions avec Georges et Simone chercher les vaches aux pâtures.

Je crois me rappeler qu’à l’époque il n’y avait pas encore de trayeuse électrique. Le laitier passait chaque jour récolter les bidons en métal avec le couvercle à chainettehttp://www.galerie-com.com/grand_img/0042877001236785353.jpg, que les ménagères-décoratrices d'aujourd'hui adorent peindre de motifs bucoliques et champêtres pour en faire des porte-parapluies. Je me souviens du goût de noisette, et de la tiédeur du lait juste sorti du pis, tellement riche qu’il était plutôt jaune que blanc.

Je me souviens du plaisir et de l’impatience que suscitait la perspective de couler nos pieds dans nos bottes de caoutchouc, et de prendre nos bâtons pour « aller aux vaches ». De la vapeur qui soufflait de leurs naseaux les jours d’hiver, de l’odeur de la bouse fraîche et de leurs noms rigolos comme « pâquerette » ou « mobylette ». Je me souviens qu’on coupait les cornes avec une ficelle et que ça sentait fort le poil brulé. Que dans une corne coupée, on peut tenir rangée à sa ceinture la pierre à aiguiser dans un peu d’eau lorsqu’on part faucher l’herbe avec sa faux ou sa faucille. Je me souviens qu’on parlait de fièvre aphteuse, d'insémination et de remembrement.

 

Je me souviens du regard toujours craintif d’une génisse qui avait sa place près de la porte de l’étable...

 

Je me souviens aussi du cochon, qui mangeait une sorte de soupe ou il y avait un peu de tout, plus les restes de repas et des épluchures. Je me souviens qu’un jour, on l’a tué, et qu’après ça, il y avait beaucoup de saucisses et de rillettes, de côtelettes, de lard et de boudin. Je me souviens de la grosse moulinette ou on mettait la viande en morceaux à un bout et qui recrachait la chair hachée dans le boyau abouté derrière. Je me souviens qu’il fallait battre le sang dans le seau sans s’arrêter pour faire le boudin. Que tout ce travail avait pris une grosse journée malgré l’aide des voisins et des amis qui étaient venus. Je me souviens que tout le monde s’affairait et avait l’air de maîtriser toutes ces pratiques. Comme s’ils avaient fait cela toute leur vie, de tuer des cochons. Que c’était comme une fête, et que tout le monde était joyeux.

A part, peut-être, le cochon…

 

( Lire la suite )

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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 16:42

(Ceci est un préambule à la longue lettre que je publierai surement dans les prochains jours.)


 

     Elle avait dû bouillir et serrer les dents tout au long de la messe. Elle m'attendait à la sortie du cimetière. J'ai cru que comme tous les autres elle me dirait un mot de soutien, de sympathie, ou qu'elle aurait un geste. Quand j'ai vu dans ces yeux les flammes de colère, de frustration, d'incompréhension, c'était trop tard. Elle l'avait dit.

« Les gens, c'est quand ils sont vivants qu'il faut les aimer ! ».

D'après le ton, j'ai déduit qu'elle aurait sûrement voulu rajouter « sale con ». Quelqu'un l'a attrapée par le bras et tirée en arrière pour l'éloigner. En tout cas, ça ne m’aurait pas fait plus mal...

Je suis resté là, comme une buse, avec ces mots plantés comme une hache enflammée dans mon cerveau.

Moi je l'aimais. C'était mon petit frère... Qu'est ce que...

Peu importe qu'elle l’ait dit sous le coup de la colère ou bien dans le but de me blesser. Peu importe qu'elle le pense vraiment, ou qu'elle l'ait dit parce qu'elle avait bu, ou fumé sa plantation, ou que sais-je ? C'était une morsure cruelle, au venin monstrueux.

Depuis, souvent, la nuit, à l'heure difficile ou il faut sombrer, j'y pense. Je me demande à qui j'ai pas dit « je t'aime », à qui j'ai pas montré mon affection... Et quand je vois la liste s'allonger, je panique. Je me dis que je pourrais bien partir demain et que tous resteraient sans savoir, ou sans en être sûrs. Comme ceux qui sont déjà partis.

Parfois, le venin ne tue pas et devient la source de l'immunité. Alors je crois que le mieux, c'est de commencer au début.

Maintenant.

...Parce qu'après tout, quand on y réfléchit, on peut continuer d'aimer les gens après, mais il vaut mieux leur dire qu'on les aime avant.

    Quand j'ai décidé de faire de cet épisode une introduction pour éclairer le pourquoi de ma lettre à "Qui Vous Verrez", et afin d'en avoir le cœur net, j'ai recherché sur le réseau si cette phrase était vraiment d’elle ou si elle l'avait pompée pour faire la maligne. Et j’ai appris qu’on doit l'attribuer à un chanteur du Mans, marginal quoique prolifique, peu connu, et qui s'appelait Jean-Luc Le Ténia  (Le malheureux s'est donné la mort en mai 2011).

Et qu'en fait la phrase de sa chanson se veut un jeu de mots et dit ceci :

 « C'est quand ils sont vivants qu'il faut aimer les gens... Les Jean-Luc ! ».

J'étais bien content, en lisant ça, de savoir que c'était pas un trait fulgurant de l'esprit dérangé de la harpie à la sortie du cimetière. Je ne m'étonnai cependant pas qu'elle pût le connaître, ni qu'elle utilisât son texte. Sauf que, hasard surprenant... J'en aurai donc jamais fini avec les signes :

Le deuxième prénom de mon petit frère, c'était Jean-Luc.

Cette morsure venimeuse était donc tout à la fois : fort déplacée et très à propos...

Mais venons en au fait...


(à suivre... en attendant vous pouvez réagir en écrivant vos commentaires ci-dessous)

 

Lire la suite : Lettre à Mes Grands...

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17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 12:02

J'ai pas fini de me poser ces questions...

 

Dans mon quartier, y'a une femme qui vit, seule, avec son enfant et un couple de husky, ou chiens de ce type, chiens de traîneau aux yeux clairs. Plutôt jolis, mais dont la taille imposante, l'aspect de loup et le regard étrange peut mettre un frein à l'envie de s'approcher de trop près.

Ces chiens sont une plaie pour le quartier. Souvent en vadrouille, la laisse ou une corde qui traîne derrière eux, ils attaquent les poubelles de bon coeur et répandent partout le contenu dont ils ne peuvent se goinfrer. Il en rejaillit sur la femme une rancoeur qui s'alourdit avec le temps.

Moi, je ne l'aime pas ! Et c'est pas d'hier.

Je lui trouve un air mauvais, et souvent quand j'en parle, ou que je vois les chiens qui errent, je dis : "Tiens ! Voilà les chiens de Cruella !"

Rapport à son air mauvais, je lui trouve une ressemblance avec Cruella d'Enfer, la vilaine des 101 Dalmatiens de Disney. Alors maintenant on l'appelle comme ça. Tout le temps.

Vous allez trouver que j'y vais fort, mais bon... attendez la suite.

 

Il y a quelques semaines, je l'ai vue passer, pavanant avec ses chiens. Les deux habituels, le mâle, avec son air allumé et sa laisse d'évadé qui traîne derrière, la femelle, plus racée et jolie, et gambadant tout autour une tripotée de petits husky tout neufs et tous mignons... Elle venait d'avoir une portée d'au moins 5 ou 6 chiots. Je me souviens que Junior les trouvait mignons et qu'il m'a demandé si on pourrait en avoir un...

Et elle les sortait, comme si elle faisait ça d'habitude, les promener, je veux dire ! Et elle faisait sa belle, là ! Et ça courait partout en bazar, sans laisse ni courroie, tout autour de la mère. Je trouvais ça gonflé et dangereux pour les petits : même si dans ma rue il passe pas grand monde, parfois ils roulent vite, les gens.

Vous allez dire que je pousse, mais bon... attendez la suite.

 

La semaine dernière, j'étais à la cuisine en train de préparer une omelette au lardons, quand, tout en battant mes oeufs, je vis les Husky dans la rue. Le grand mâle avec son air d'en préparer une tordue, se tenait en plein milieu de la rue et regardait vers le grillage du camping. Sur le trottoir cote camping, deux des petits étaient assis côte à côte. Je les trouvai mignons et cherchai du regard les autres... puis je paniquai en pensant que djina avait laissé ses cochons d'inde en liberté dans le jardin. Je posai oeufs fourchette et tout, et courus voir ce qu'il advenait d'eux. Ouf ! Ils étaient là, et les Husky ne leur avaient rien fait ! Rigolez pas, un jour j'ai surpris l'un d'eux en train d'essayer de défoncer la volière pour bouffer les pauvres cochons d'inde.

Vous trouvez que j'exagère, mais bon ! Attendez la suite !

 

De retour à mon omelette, je jette un oeil par la fenêtre, et là, qui je vois déboucher au coin du camping? Cruella en personne ! Elle tenait dans ses bras un des chiots. Les gamins du camping s'étaient attroupés au grillage. Je pensai  :  "quel succès avec ses chiots ! " Elle approchait de la maison avec toute sa troupe et il me vint à l'esprit qu'ils pourraient bien poser leur crotte au pied du chêne devant le portail. Aussi je décidai de sortir pour intervenir au cas ou, et lui proposer qu'elle ramasse ses crottes dans une poche et les emporte. Oui je sais ça vous semble étrange... Mais, d'une,  nous faisons cela avec notre chien, et de deux, tous les chiens du quartier qui posent leur crotte à l'endroit même ou vos enfant embarquent dans votre voiture, ça vous fait pas rigoler longtemps, croyez moi.

Vous trouvez que j'abuse, mais bon ! Attendez la suite !

 

Cruella est maintenant arrivée derrière ma voiture. Elle dépose le petit flemmard qui semblait ne pas vouloir aller plus loin, reste penchée un moment, mais je ne vois pas bien ce qu'elle fait. Puis elle reprend sa route vers chez elle à peu près au moment ou j'approche du portail. Elle ne m'adresse pas la parole. Elle ne m'a peut être même pas vu. Ou alors elle me snobbe.

Bref ! Je contrôle en m'accoudant au portail, m'assurant que je pourrais encore la héler si j'aperçois une vilaine crotte fraîche. Mais zéro crotte en vue ! Elle s'éloigne, et moi je l'observe avec toute sa marmaille canine qui folâtre autour... Et je m'en retourne à mon omelette quand mon regard tombe sur une boule de fourrure, assise derrière ma voiture.

"Ben alors ? Feignassou ! tu veux plus marcher ?" (Oui, quand je suis seul, je parle aux animaux... Mais si ça sort d'ici je viens te coller un 9mm dans la narine et on en reparle. C'est clair ?).

Un des petits est resté là. Il a l'air fatigué. Tiens non en fait il a l'air... euh... malade... Enfin pas dans son assiette... Il tente de se lever, mais visiblement c'est difficile. Il se rassoit après que son arrière train a vacillé un instant. Je sors et je jette un oeil vers le bout de la rue. Cruella file sa route sans se retourner, tirant la mère par la laisse...

"Tiens c'est marrant celui là il a pas de collier ! C'est drôle, les autres en avaient un... Dis donc, il respire bizarrement.... Ah ben ! Il s'est couché maintenant."

Voilà les trucs qui me traversent l'esprit à ce moment là... Puis je me dis que lorsqu'elle verra qu'il ne vient pas, ou après avoir fait rentrer les autres, elle reviendra le chercher...

Vous aussi vous trouvez qu'elle va un peu loin ? Ben ! Attendez la suite !

 

Comme il a l'air endormi d'un chiot bien claqué par une longue balade, je le laisse un moment pour aller finir cette omelette, avant qu'elle se désseche dans son bol. Je la cuis, je la donne à Mimi, qui la mange et je retourne voir le drôle d'animal.

C'est étrange cette respiration. Saccadée... Rapide, mais pas comme un halètement habituel. Bref un truc me semble pas normal. Mais bon je suis pas véto, moi.

Et Cruella ne revient toujours pas. Je scrute le coin de la rue, je regarde le chien... j'suis un peu largué et heberlué.

"Et s'il est maladde et que je le touche et que je contamine mon propre chien..."

Heureusement, Djina arrive à ce moment. Elle se gare, et je lui raconte l'histoire tout comme à vous.

Comme vous, elle trouve que c'est abuser de faire ça, mais... Attendez la suite !

 

Après avoir jeté un oeil par elle même, Djina est allée chercher un peu d'eau dans la gamelle du chat. J'ai foncé récupérer le vieux panier du chien, une couverture et j'ai proposé que nous le mettions dans le jardin, qu'il se repose à l'abris, parce qu'ici, il etait un peu exposé et que dans les hautes herbes on le voyait pas bien. Si je reculais avec la voiture pour aller chercher du pain, je ne voulais pas risquer lui rouler dessus. Je le saisis en douceur, et avec précaution, et le déposai dans le panier, sur la couverture. Il ne réagit quasiment pas. Vraiment étrange !!

Alors que j'etais retourné à la maison, Djina avait fait sortir notre chienne et l'avait laissée approcher. Le petit, lorsqu'il l'avait sentie s'était mis à pousser des hurlements, comme s'il avait eu très peur ou très mal. (Autant je parle aux chiens quand je suis seul, autant je comprends pas leur langage dans toutes ses nuances)... En entendant les hurlements, je revins voir. Djina pensait que le chiot avait mal et nous commencions à nous demander si cette pauvre bête ne s'était pas fait percuter par une voiture...

Vous pensez aussi qu'on se fait des idées... Attendez la suite !

 

Moi, comme y'avait pas de sang, pas de trace exterieure de choc, j'y croyais pas trop. Cependant son comportement était très anormal, j'avais des doutes et j'étais un peu désemparé...

En plus, j'avais de la peinture à faire, l'heure avançait et ... mince les pizzas ! Je courus éteindre le four... Juste un petit peu trop tard...

On a appelé Sosso pour lui demander ce qu'elle pensait de tout ça. Sosso c'est l'amie de Djina. Elles s'appellent tout le temps. Ou alors elles s'envoient des messages. Pour tout. Pour rien. Ben là, c'était pour le chiot de Cruella abandonné derrière ma voiture au retour de promenade. Alors Sosso est venue nous aider.

Après avoir discuté, regardé le chien, rediscuté, re-regardé le chien et tout, pendant un long moment ou la pizza refroidissait complètement, on a décidé d'appeler la police municipale. Mais bon, vu l'heure, on a préféré appeler une personne du conseil municipal qu'on connait bien, pour avoir son avis sur cette question : Que faire de ce chiot ?

Moi je veux bien le garder jusqu'à demain, mais après ? Et s'il est malade ? Il a besoin de soins... Mais c'est pas mon chien... Dois je le ramener chez Cruella ? Attendre ? Aller chez le vétérinaire, pour avoir un avis ? La police municipale peut elle venir le chercher ? Pourquoi Non ? Ah c'est des frais pour la commune... Ah ! Et si je le laisse là ou je l'ai trouvé ?

Non, ça je peux pas...

Et s'il meurt dans la nuit ?

Vous trouvez que cela fait beaucoup de questions. Vous avez raison. Mais attendez la suite...

 

Nous avons finalement appelé le veterinaire de garde. Une femme de coeur. Elle a accepté de recevoir ce chiot, de faire un examen sommaire, et de le garder une nuit en observation après lui avoir administré de quoi calmer ses douleurs. Lorsque Djina et Sosso sont revenues elles abvaient le visage fermé et elles étaient très en colère. Le petit chien s'était effectivement fait choquer par une voiture. Il avait la patte arrière fracturée, et la véterinaire soupçonnait une lesion interne grave, peut être la vessie ou autre organe qui aurait éclaté... Rien que pour réduire la fracture elle estimait l'opération à environ 1000€ (Somme que je n'avais de toute façons pas devant moi), quand au reste sans examen détaillé... 

 

On a passé une partie de la soirée à essayer de comprendre ce qui s'était passé dans la tête de Cruella pour qu'elle abandonne un chiot qu'elle tenait dans ses bras après qu'une voiture l'a percuté, certainement sous ses yeux.

Et les questions sont venues :

Comment peut on faire une chose pareille ?

Pourquoi devant chez nous ?

Pourquoi juste derrière les roues de ma voiture ?

Que ce serait il passé si je ne savais pas battre une omelette en regardant par la fenêtre ? Certainement que je serais sorti chercher le pain, et qu'en reculant la voiture j'aurai roulé sur le pauvre animal couché là immobile... invisible dans les herbes... Et que je m'en serais voulu toute ma vie...

Les enfants du camping ont ils assisté à la scène ?

Ce peut-il qu'elle l'ait délibérément laissé à cet endroit ?

Pourquoi celui ci n'avait il pas de collier alors que les autres en avaient un ? L'a t-elle enlevé quand elle était penchée derrière la voiture et que je ne voyais pas ce qu'elle faisait ?

Ai-je le droit de la poursuivre ? Pour quel motif ?

Dois-je la dénoncer ? A qui ?

Pourquoi la police municipale n'est elle pas intervenue ?

 

La suite ne va pas vous plaire...

 

La pizza était froide et on avait plus très faim. J'ai pas peint le mur ce jour là. La nuit a été mauvaise.  Djina était effondrée. Le lendemain, la vétérinaire nous a annoncé au téléphone que la petite chienne en plus de sa fracture de la patte souffrait d'une fracture du bassin et d'une hémorragie interne.

Elle était condamnée.

Elle avait été euthanasiée dans la matinée.

 

Je suis très en colère. Et je crois que la suite, c'est à Cruella qu'elle va pas plaire...

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